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Le Haut et le Moyen Atlas : les Gorges du Ziz, Midelt et Azrou

17 au 25 mars 2013

Réal devant les Gorges du Ziz
Quel contraste ! Après avoir passé plusieurs jours à la douce chaleur printanière du désert, nous voici en une journée revenus à une température plus fraîche, à 2 000 m d'altitude dans le Haut-Atlas. En remontant vers le nord la vallée du Ziz (celui-là même qui coule à Merzouga), nous découvrons les superbes Gorges du Ziz. Ce ne sont pas nos premières gorges au Maroc, loin de là, mais on s'exclame une fois de plus ! Celles-ci en imposent par ses parois très hautes et verticales qui décrivent de jolies courbes. Au fond de la vallée, les villageois réussissent à cultiver un peu de terrain en bordure de la rivière; oliviers et arbres fruitiers semblent y croître avec bonheur. On affirme que les strates de ces majestueuses parois datent de l'époque jurassique... ce doit être vrai puisque notre camping porte le nom de «Camping jurassique» !

La vallée du Ziz
Le gérant du camping nous recommande une petite route secondaire à explorer en moto.... nous atteindrons un vieux village portugais nous dit-il... mais plus personne n'y parle portugais, cela date du temps des colonies... Nous trouvons sans difficulté la fameuse petite route qui, en effet, nous offre une superbe balade. Nous nous élevons rapidement en altitude, aucun trafic et, à nos pieds, la vallée du Ziz qui n'en finit plus de décrire des courbes. Avant d'atteindre le fameux petit village portugais, une route tertiaire nous appelle à gauche; allons l'explorer, juste un petit peu... Nous grimpons encore plus en suivant un affluent du Ziz. Notre petite 125cc est fougueuse, elle ne refuse pas l'effort. Quelques moutons semblent paître sans berger à flanc de montagne, les rochers sont orangés, nous continuons de grimper, nous avons toujours le goût d'aller voir au détour de la prochaine courbe ce qui nous attend et nous ne sommes jamais déçus ! Tout à coup, surprise, un gros camion vert se pointe sur la piste devant nous. Nous nous écartons pour le laisser passer mais il s'arrête, c'est un camion militaire. L'officier à bord nous explique très gentiment que nous sommes dans une zone militaire et que nous n'avons pas le droit d'y circuler. Mais puisqu'avant qu'il ait eu le temps de parler, Réal lui avait déjà dit, avec force de qualificatifs, comment le Maroc était un beau pays et que le paysage ici était magnifique, il nous dit que nous pouvons continuer encore sur un kilomètre pour admirer le paysage. Pas besoin de vous dire que nous avons poursuivi notre route avec plaisir sur encore... quelques kilomètres, sans rencontrer âme qui vive. Que du bonheur !

Au retour, nous atteignons le petit village qui n'a plus rien de portugais. Peu de vie au village, les gens sont aux champs semble-t-il. Comme c'est le cas dans bien d'autres villages, on peut observer plusieurs anciennes kasbahs en ruine. Construites de briques crues ou de pisé, le temps faisant son œuvre, elles doivent être abandonnées et d'autres sont construites à proximité. À la sortie du village, le oued a complètement emporté la route. Seule une petite roche posée au milieu de la route nous avertit qu'un trou béant de 5 m de profond nous attend ! Pas de sentier de contournement à l'horizon, nous rebroussons donc chemin, ce qui n'est pas une mauvaise idée, vu l'heure avancée. Le soleil se cache vite derrière ces hautes parois, nous arrivons juste à temps au camping pour croquer une dernière photo de notre décor jurassique !

Région minière de Midelt
Continuant notre route vers le nord, nous atteignons Midelt (35 000 hab.) bien situé sur une vaste plaine entre le Moyen et le Haut Atlas. Ce sera l'occasion de deux très belles balades en moto. La première vers le nord-est et le village d'Aouli à une trentaine de km. La plaine est désertique et parsemée de monticules de débris rocailleux, preuves de la présence de nombreuses mines dans la région jusqu'à récemment : des mines de cuivre, de plomb et d'argent nous dit-on. Celles-ci sont maintenant pour la plupart désaffectées mais certaines sont encore un peu exploitées.

Mineur de malachite
Nous avons pu ainsi observer des petits groupes de 4 ou 5 mineurs qui creusaient de petites cavernes et tunnels au pic et au marteau à la recherche de veines de malachite, un minerai de cuivre utilisé comme pierre ornementale. Ils étaient venus à vélo le matin et ils remplissaient de minerai des sacs de plastique qu'un petit camion viendrait chercher le soir. Nous nous sommes arrêtés près d'un groupe qui a gentiment accepté que Réal les filme; ils lui ont même offert en souvenir un morceau de malachite, un précieux ajout à notre collection minérale... !

Quelques km avant Aouli, la route se change en une piste pour 4x4 et nous entrons encore une fois dans de splendides gorges orangées, celles du oued Moulaya. Plus en avant, nous atteignons un village minier fantôme. Les imposantes installations témoignent de l'envergure passée de cette mine. À proximité, des maisonnettes de style européen logeaient sans doute les dirigeants de la mine alors que les travailleurs étaient entassés dans un immense bâtiment nu et austère. Nous quittons sans regret ce lieu désolant et nous continuons vers Aouli.

Enfants d'Aouli et leur âne
Une fois les gorges franchies, le paysage se déploie de nouveau devant nous et nous découvrons le village d'Aouli magnifiquement situé au pied d'un majestueuse montagne teintée de vert, de jaune et d'orange. WOW ! Que c'est beau le «Maroche» ! Des enfants sur un âne nous accueillent au village; ils sont un peu méfiants mais nous réussissons à les amadouer en faisant des blagues. Non, non... pas de stylo, pas de bonbon, pas d'argent, un sourire, ça vaut bien plus, en voilà la preuve ! Aouli, c'est le bout de la piste, il nous faut rebrousser chemin. Au retour, nous reverrons nos mineurs qui ont terminé leur journée, attendant le petit camion qui transportera le fruit du labeur de la journée. À force de gestes, ils nous expliquent qu'un tunnel s'est effondré... heureusement, pas de blessé.... pour cette fois-ci...

Troupeaux de moutons devant le djebel Ayachi (3 737m) et le Cirque de Jaffar
Le lendemain, Fury, notre moto, nous amène du côté sud-ouest de Midelt vers le Cirque de Jaffar. Un paysage complètement différent de la veille mais tout aussi splendide. Pendant 25 km, nous longeons les contreforts du Haut Atlas sur une piste de 4x4. La nature qui défile devant nous est d'une grande beauté, toute empreinte de sérénité et de simplicité : bosquets de cèdres et de petits chênes, grandes coulées où paissent de nombreux troupeaux de moutons et de chèvres, ruisseaux dévalant la montagne, champs en culture, quel bonheur ! Et, le summum, c'est lorsque nous atteignons finalement le Cirque de Jaffar, un magnifique point de vue sur le djebel Ayachi (3 737 m) tout enneigé.

Agneau nouveau-né transporté par un âne
Après une pause-lunch face au djebel, nous décidons d'emprunter une route différente pour le retour; elle n'est pas sur la carte, c'est une petite route en terre battue mais elle nous appelle et elle semble se diriger dans la bonne direction. Nous finirons bien par nous retrouver sur une route principale; il est encore tôt, au pis aller, nous reviendrons sur nos pas. Bien nous en fit ! Nous nous sommes retrouvés à longer un ruisseau important qui desservait plusieurs campements qui, le soir venu, abritaient les troupeaux de chèvres et de moutons et leurs bergers. C'est le printemps, les agneaux naissent. Le berger ramasse les nouveau-nés trop faibles encore pour suivre le troupeau et il les installe confortablement dans une sacoche de jute sur l'âne.

Encore une fois, on se croit au temps de Marie, de Joseph et du petit Jésus... Les bergers sont de tout âge. Les jeunes nous demandent de l'argent pour une photo, les hommes, des cigarettes et les vieux nous font un large sourire, comme quoi les temps changent quand même... Toutefois, aucun ne parle français; le métier de berger ne s'apprend pas sur les bancs d'école...

Vieux berger tout sourire
Encore une fois, la nature nous en met plein la vue. Ces scènes pastorales avec en arrière-plan les crêtes enneigées du Haut Atlas, un vrai cadeau ! Finalement, notre piste débouche sur une route pavée. Cela aura été un détour d'une quinzaine de km mais il en valait largement la peine ! Une autre journée inoubliable !
Singe magot

Toujours vers le nord, avec le camping-car, nous serpentons à-travers le Moyen Atlas et ses déserts rocailleux sur 150 km et nous arrivons à Azrou, un important centre marchand au carrefour de plusieurs routes stratégiques. À 1 250 m d'altitude, on voit le changement dans la végétation. Ici, le paysage est beaucoup plus vert, moins aride. Une grande forêt de cèdres de l'Atlas s'étend au sud de la ville et abrite de curieux habitants : des singes magots.

Cèdre de l'Atlas
Les cèdres, tout comme les singes, sont protégés et endémiques à la région.

Encore une fois, la moto nous permettra de nous balader tranquillement dans cette forêt et d'aller à la rencontre des singes avec qui nous partagerons notre miche de pain. La journée étant encore jeune, nous repartons en moto vers le village d'Âïn Leuh à travers les montagnes et les plateaux arides où nous rencontrons encore quelques troupeaux et leurs bergers mais en moins grand nombre, il fait plus froid sur ces hauteurs.

Le lendemain, nous décidons de rester bien sagement au camping, on annonce de la pluie.

Surprise, en après-midi, la pluie se change en neige  ! Cela faisait bien 8 ans qu'on n'avait pas vu tomber autant de neige ! On se serait cru au Québec à la tempête de la St-Patrick !