7 au 16 mars 2013
Le Tafilalet fut l'une
des dernières régions du Maroc à tomber dans le giron du protectorat français, les
tribus berbères l'habitant s'y opposant farouchement jusqu'en 1932. Aux
portes du désert, Erfoud et Rissani sont de petites villes plutôt
prospères grâce à la rivière Ziz qui coule toute l'année à
proximité donnant ainsi vie à de vastes palmeraies et irriguant les champs d'agriculture.
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Évier en marbre truffé de fossiles |
Pour nous, Erfoud fut une
agréable halte, le temps de laisser passer deux journées de pluie
et de vent. Nous en avons profité pour faire le tour des ateliers de
fossiles et de minéraux du coin. En effet, le Tafilalet est une
région riche en fossiles. D'immenses carrières de marbre truffé de
fossiles tels ammonites, trilobites, goniatites (et j'en passe) sont
exploitées dans la région. Les plus beaux spécimens sont
évidemment extraits individuellement avec beaucoup de précaution et
de dextérité mais il y en a tellement que de grands blocs de marbre
sont taillés en tranches qui font 2 x 2 mètres par 3 cm d'épaisseur
pour en faire des tables, des éviers et même des baignoires !
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Goniatite, fossile vieux de 250 à 400 millions d'années ! |
Pour notre part, nous
sommes tombés en amour avec les courbes harmonieuses des goniatites,
des fossiles datant de 250 à 400 millions d'années ! Après avoir
fureté dans tous les ateliers de la région et s'être transformés
en paléontologues amateurs, nous avons finalement réussi à
dénicher six très beaux spécimens et, devant notre indécision à
savoir lequel choisir, le marchand marocain nous a convaincus de les
acquérir tous les six ! Nous avions résisté devant les vendeurs de
tapis mais nous avons craqué pour les fossiles ! Cela nous fait donc
une petite famille de fossiles à ramener chez nous ou le début
d'une belle collection... l'avenir le dira...
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Jour de marché à Rissani |
À Rissani, à une
cinquantaine de kilomètres au sud d'Erfoud, nous avons eu la chance
de tomber sur le «jour du marché» en ville. Quelle activité !
Quelle agitation ! Et, à notre grande surprise, les marocains, qui
n'aiment habituellement pas se faire photographier, font peu de cas
de nous se promenant à travers les étals en plein-air avec notre
«kodak». Ici, on vend de tout ce dont vous pouvez avoir besoin !
Des vêtements, des fruits, des légumes, des moutons, des vaches, de
la ferraille, des téléphones, des bouilloires bossées, il y en a
pour tous les goûts et pour tous les budgets !
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L'âne, un moyen de transport encore très populaire au Maroc |
À l'entrée de la ville,
c'est un défilé continu de tous les types de véhicules qui
circulent au Maroc : minibus, petits et grands taxis Mercedes
(jamais vu autant de Mercedes !), motos tricycles avec petite boîte
de pick-up («dockers»), mobylettes à pédales, vélos, petits
chevaux tirant des charrettes et ânes portant des grands paniers en
osier tressé. Tout un spectacle ! Hommes, femmes et enfants viennent
de loin, parfois à pied, pour venir acheter et vendre au marché. On
sent que c'est comme une journée de fête, on se retrouve, on
discute, on échange. Une pause bien appréciée dans le quotidien.
Cinquante kilomètres
plus au sud, nous atteignons Merzouga, le désert et les dunes de
l'erg Chebbi. Le désert du Maroc s'appelle «Hamada» qui signifie
«désert rocailleux». En effet, le désert marocain est bien loin
de l'image qu'on se fait des grands espaces de dunes de sable du
Sahara. Au Maroc, le désert, c'est une immensité recouverte de
petites roches (comme de la gravelle) souvent noires. C'est une
absence de végétation sur de grandes étendues parfois montagneuses
parfois planes.
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Un «homme bleu» sur la dune d'Hassilabied dans l'erg Chebbi |
À Merzouga, l'erg Chebbi
nous offre des dunes de sable très fin colorées par le soleil dans
des tons d'or et d'orangé. Ces dunes s'étendent sur une vingtaine
de kilomètres de long par une dizaine de 10 kilomètres de large. La
plus haute, celle près de Merzouga, s'élève à 180 m alors que
celle près du petit village d'Hassilabied, où nous campons, culmine
à 120 m. Bien installés au pied des dunes à l'arrière de
l'Auberge Sahara, nous nous sommes arrêtés 10 jours dans cet
endroit magnifique. La température y est parfaite à ce temps-ci de
l'année, 25 C.
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Pieds nus sur la plage... pardon, sur la dune ! |
Quel bonheur que de
marcher pieds nus dans les dunes et aussi de les grimper pour admirer
le coucher de soleil ! Le sable fin, compacté par le vent, nous
donne l'impression de marcher sur une plage avec à l'horizon le ciel
bleu comme la mer.
Autre expérience unique,
une mini-tempête de sable ou plutôt de grands vents (heureusement
que ce n'était pas une vraie tempête) ! On a beau fermer toutes les
ouvertures, le sable s'est infiltré partout dans le camping-car.
Crounch, cric, crac, une fine couche de poussière recouvre tout. Le
soir avant d'aller dormir, nous avons même sorti dehors la
douillette pour la secouer ! Difficile de marcher dans les dunes; le
sable vous fouette le corps, pénètre dans vos yeux, vos narines,
vos oreilles... on comprend alors l'utilité du «chèche», le grand
foulard que les touaregs enroulent autour de leur tête pour se
protéger du soleil et du vent et qui ne laisse apparaître que leurs
yeux. Le chèche est souvent de couleur bleue, d'où le surnom
d'homme bleu qu'on donne aux touaregs.
Merzouga, une vacance
dans la vacance, un autre coup de cœur marocain assurément !