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Le Rif et la côte méditerranéenne : Chefchaouen, Cala Iris et Martil


31 mars au 10 avril 2013

De Fès à Chefchaouen, c'est un autre 200 km vers le nord, signe évident que notre périple au Maroc tire à sa fin. Nous traversons des nouveaux paysages pour nous au Maroc : des collines vertes cultivées, des rivières qui coulent abondamment, des lacs, que de richesse ! C'est vrai qu'il a plu beaucoup récemment dans le nord du pays mais c'est l'hiver et c'est normal. Toutefois, après Ouazzane, nous retrouvons un paysage plus aride et montagneux alors que nous abordons le Rif, la chaîne de montagnes qui traverse le nord du pays. Reconnue il y a encore quelques années comme une région dangereuse pour les touristes à cause des trafiquants de «kif» (haschisch), on la traverse aujourd'hui sans souci. Même si l'industrie du cannabis est toujours prospère dans le Rif, elle n'est pas visible pour le simple touriste. On estime toutefois que 142 000 hectares du Rif sont consacrées à la production de cannabis correspondant à 42% de la production mondiale ! Ce commerce qui emploie 800 000 personnes est l'activité économique majeure de la région.

Dans la belle médina de Chefchaouen
Chefchaouen, une cité de 45 000 habitants, est blottie au fond d'une vallée dominée par les sommets du Rif. Qualifiée d'une des plus belles villes du Maroc, elle tient sa notoriété de sa splendide médina avec ses habitations aux toits de tuile rouge et aux murs peints blanc et bleu délavé qui lui donne un petit air andalou. La place centrale, Uta el-Hammam, fait face à l'ancienne kasbah et à la mosquée. Bordée de cafés et de restos, c'est un lieu idéal pour s'arrêter et observer la vie quotidienne marocaine. Quel plaisir aussi que de partir à la découverte de ses ruelles étroites et tortueuses qui nous font nous exclamer à chaque détour ! Décors enchanteurs et lumineux, c'est un paradis pour les photographes. Et, en prime, pas moyen de se perdre ici, on finit toujours par revenir à la place Uta el-Hamman.

«Chefchaouen prit son essor à l'arrivée des réfugiés musulmans et juifs fuyant Grenade (Espagne) et les persécutions chrétiennes après 1494. Ils bâtirent des maisons blanchies à la chaux qui donnent au bourg son allure espagnole, avec leurs minuscules balcons, leurs toits de tuiles et leurs patios. Le bleu pâle recouvrant les habitations, si typique aujourd'hui, fut introduit dans les années 1930 par la population juive. Cette couche devait remplacer le vert des fenêtres et des portes, couleur traditionnelle de l'islam. La ville de Chefchaouen a été inscrite en 2010 sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO. Cette inscription est liée à sa pratique alimentaire emblématique de la diète méditerranéenne.»

Paysage du Rif côtier
Il nous reste quelques jours avant l'expiration de notre visa, nous décidons de profiter du Maroc jusqu'à la dernière minute... Nous mettons donc le cap à l'est pour atteindre la mer Méditerranée et le camping de Cala Iris qui nous avait été recommandé. Le site est magnifique; installé sur une corniche, il domine la baie et le petit port de pêche du même nom. Toutefois, Cala Iris, ça se mérite ! La route traverse d'abord le Rif puis longe la mer sur une centaine de kilomètres mais toujours à travers les montagnes. Heureusement, elle vient d'être refaite; on est fier de nous dire que le roi l'a inauguré en 2012. C'est effectivement un travail colossal; les montagnes sont littéralement coupées pour laisser passer la route, les ravins sont comblés, les ponts sont lancés par dessus les oueds, les lacets entourent les montagnes. À 40 km/hre en moyenne, on n'avance pas très vite mais ça requiert une attention de tous les instants pour le chauffeur Réal. Le paysage est splendide. Malgré l'isolement, partout des petites maisons signalent que des gens y vivent. Des champs en culture ou en labour dessinent un joli patchwork vert et marron.

Tenues rifaines
Lorsque nous traversons les petits villages, nous remarquons que les femmes rifaines portent encore l'habit traditionnel : un chapeau de paille à large rebord (par dessus leur foulard de tête) décoré de «ponpons» et, par dessus leur jupe longue, un grand tissu rectangulaire rayé rouge et blanc et noué à l'avant. Nous en avions vu au souk de Chefchaouen et nous pensions que c'était des tapis car ils sont assez épais !

Beaucoup d'activité aussi dans ces villages. Les paysans viennent y vendre leur récolte ou la chargent dans des camions pour l'expédier ailleurs. La récolte a été très bonne cette année, nous dit-on; les petits pois rifains se vendront bien sur les marchés de Tanger, les gens sont très contents. Nous en profitons pour nous acheter un kilo de fraises à chaque fois que nous pouvons. C'est la saison et elles sont délicieuses.

Vue de notre camping, le port de Cala Iris
Arrivés finalement à Cala Iris, nous profitons de la modernité du camping : chose rare, ils ont une machine à laver. Ce sera donc journée de lavage ! Il le faut bien de temps en temps... Le soleil et le vent de la Méditerranée sèchera bien nos quatre brassées de linge et le lendemain, nous pouvons partir en moto à la découverte du coin.

Nous nous rendrons d'abord à la prochaine grande ville sur la côte, Al Hoceima, à une soixantaine de kilomètres encore plus à l'est. Pour s'y rendre, la route continue de se frayer un chemin à travers les montagnes. Toute la côte méditerranéenne était pratiquement inaccessible aux touristes jusqu'en 2012 à cause du mauvais état de la route... incroyable ! On imagine un peu le développement fulgurant qui va résulter ! Espérons que ce sera pour le mieux !

Al Hoceima est installé sur une pointe rocheuse sur le bord d'une belle grande baie. Quel site exceptionnel ! Criques et plages se succèdent de part et d'autre de la ville. On fait une pause dîner dans un resto du port : sole grillée pour Lucie et sardines frites pour Réal sur recommandation du chef. Excellent !

El Penon de Velez de la Gomera, un territoire espagnol au Maroc
Au retour, le soleil est encore assez haut, nous décidons donc d'aller explorer une petite piste qui devrait nous mener vers un piton rocheux en bord de mer qu'on voit depuis notre camping et qui nous intrigue un brin... La piste n'est pas en bon état mais notre Fury la grimpe avec ardeur et, après 5km, nous arrivons finalement face à cet ilot rocheux, en fait, une presqu'île reliée à la terre par une étroite bande de sable. Le drapeau espagnol flotte sur les quelques bâtiments de l'île qui ressemblent à un fort. Nous réalisons qu'il s'agit en fait d'El Penon de Velez de la Gomera, un territoire sous domination espagnole depuis 1564 ! L'Espagne contrôle aussi d'autres territoires plus importants tels Ceuta et Melilla sur la côte méditerranéenne, un vestige du temps des colonies. Nous sommes de retour à temps au camping pour prendre l'apéro devant le coucher de soleil sur le port, quelle belle journée !

Le lendemain, nous remontons la côte vers le nord-ouest sur plus de 200 km pour atteindre Martil près de Tetouan. Une grosse journée de route à travers les montagnes. Martil est une grande station balnéaire, une grande plage sur quelques kilomètres avec une promenade bétonnée adjacente et des immeubles tout aussi bétonnés la bordant. On se serait cru en Espagne n'eut été de l'état délabré de la majorité des édifices. Dommage... crise, manque d'entretien ou piètre qualité de construction? Probablement les trois à la fois...

Enfin, pour terminer ce carnet marocain, nous aimerions partager avec vous la manière dont les marocains se saluent, c'est vraiment suave... Entre hommes, on échange une poignée de main avec la main droite puis on pose la main droite sur le cœur. Entre femmes, c'est une poignée de main plus un à quatre baisers soufflés en l'air. Entre hommes et femmes, c'est main droite sur le cœur; poignée de main et baiser en l'air sont optionnels. C'est joli non ?

Nos trois mois au Maroc se sont déroulés au-delà de nos espérances. La découverte du pays et des gens a été fabuleuse. Si près de l'Europe mais une culture tellement différente ! De plus, les installations mises à la disposition des camping-caristes, même si parfois minimales et un peu délabrées, sont relativement nombreuses et nous ont permis de voyager de façon sécuritaire et de nous arrêter dans les plus beaux endroits du pays. Les grands axes routiers sont en général en bon état; quant aux routes secondaires, il s'agit de ralentir pour éviter les trous ! Enfin, sur les petites routes et les pistes, la moto a fait notre plus grand bonheur et nous a permis d'atteindre des lieux inaccessibles avec le camping-car mais oh combien merveilleux !

Shoukran (merci) Maroc ! Nous espérons te revoir, Inch Allah (Si Dieu le veut) !